The following text is not a historical study. It is a retelling of the witness’s life story based on the memories recorded in the interview. The story was processed by external collaborators of the Memory of Nations. In some cases, the short biography draws on documents made available by the Security Forces Archives, State District Archives, National Archives, or other institutions. These are used merely to complement the witness’s testimony. The referenced pages of such files are saved in the Documents section.
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Faire partie du Sokol, c’est déjà faire de la politique, même si tu te réunis pour jouer au volleyball ou aux cartes, voire manger des knedlíky
Olivier Lichý est né en 1960 à Paris
Son père était un opposant politique appartenant à un parti chrétien-démocrate et a fui la Tchécoslovaquie en mai 1948
Son père est arrivé dans un camp de réfugiés en Allemagne, à la fin de l’année 1948, puis est allé travailler en France [Lorraine] comme mineur, avant de s’installer à Paris
Son père a rejoint le Sokol de Paris, qui possédait un terrain à Gournay-sur-Marne. Olivier y a fait ses premiers pas, et a grandi avec la communauté tchèque immigrée
À partir de 13 ans, Olivier participe aux activités sportives du Sokol de Paris, aux camps d’été et devient ensuite moniteur. Il en est aujourd’hui le secrétaire
Olivier a suivi des études de droit puis est devenu magistrat. Il a eu 3 enfants avec sa compagne
En 1990, un slet [grand rassemblement des Sokols] est organisé à Paris, puis successivement à Prague la même année
Son père s’appelle aussi Lichý, il est né le 22 avril 1923 à Znojmo. À 25 ans, il s’était déjà engagé en politique, mais appartenait à un parti de mouvance chrétienne-démocrate. En février 1948, soit 3 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a commencé à être divisée, à l’ouest sous le soutien des États-Unis, à l’est sous le contrôle de l’Ex-URSS. Le régime communiste s’est installé en Tchécoslovaquie et les opposants politiques ont commencé à être emprisonnés. « Quand les communistes ont commencé à mettre des gens en prison, le parti dans lequel mon père était a organisé des évasions de personnes emprisonnées, ce qui passait ensuite par sa filière, puisqu’il avait organisé tout ça. Mais les policiers tchèques sont pas plus bêtes que mon père était intelligent, donc quelques mois après, les communistes sont arrivés au pouvoir en février 1948, et en mai 1948, il avait déjà fait partir un certain nombre de personnes, mais les policiers tchèques ont réussi à découvrir cette filière, et mon père, dont le père était gendarme, a été prévenu que les policiers allaient venir l’arrêter le lendemain. Il a donc réuni ses camarades, puisque 3 personnes étaient avec lui pour organiser la filière d’évasion, donc en mai 1948, mon père s’est sauvé, pour ne pas être emprisonné ».
Parti en mai 1948, le père d’Olivier a traversé l’Autriche, l’Allemagne mais est rattrapé par la police néerlandaise, aux Pays-Bas. Jugé pour immigration illégale, il a été renvoyé dans un camp de réfugiés en Allemagne, dans ce pays qu’il dit en « bazar ».
En partant de Tchécoslovaquie, son père et ses amis avaient ramené du lard et des cigarettes. Celui-ci relate notamment que Vienne était une ville très pauvre et « [qu’]avec une cartouche de cigarettes, c’est-à-dire 20 paquets, [on] pouvait [s’]acheter un immeuble ». Or, pendant 3 mois, ils mangeaient du lard chaque jour, fumaient des cigarettes et en passaient aussi pour progresser dans leur trajet. En arrivant dans le camp en Allemagne, ils n’avaient plus rien. Ces derniers se sont donc décidés de travailler, et des commissions anglaises, belges et françaises venaient y chercher de la main-d’œuvre. Lorsqu’une commission française est arrivée et cherchait des mineurs, ils ont décidé de les rejoindre. Il aurait pu y avoir une certaine barrière linguistique, son père ayant déjà suivi des cours de français, mais bien peu suffisants. Néanmoins, lui et ses amis ont été envoyés en Lorraine, où l’allemand était souvent parlé. Ayant grandit dans la région des Sudètes,[1] où l’on parlait aussi cette langue, cela n’a donc pas été très difficile pour lui de communiquer. Celui-ci se souvient aussi qu’il y avait beaucoup de nationalités dans la mine : on trouvait des Marocains, des Polonais et quelques Tchèques. Seuls les ingénieurs qui encadraient leurs activités étaient français.
Olivier est fils unique. Sa mère est parisienne et il avoue que son père était « un peu feignant » pour apprendre le tchèque, faisant qu’il a uniquement parlé français chez lui. Néanmoins, il a beaucoup fréquenté le milieu tchèque parisien, dont sa mère ne se sentait pas mise à l’écart. Elle pouvait discuter avec les épouses françaises des amis tchèques de son père, et connaissait des épouses tchèques parlant français. Avec la belle-famille, il raconte que son père traduisait pour elle, ou que les beaux-parents faisaient l’effort de parler allemand.
Le Sokol est un mouvement patriote qui, selon les termes de son fondateur Miroslav Tyrš en 1862, comprend de nombreux idéaux moraux : la discipline, la persévérance, l’amour de la patrie, l’honnêteté, la sincérité, la volonté, la sociabilité, l’intrépidité, l’ascétisme et le bénévolat. Ce n’est donc pas un hasard si ses membres ont très rapidement été hostiles à l’égard des valeurs communistes nouvellement proclamées : « le Sokol n’est pas qu’une organisation de gymnastique et de culture, c’est resté à l’époque, même si maintenant ça l’est de moins en moins, une association patriotique et anticommuniste, à tel point que les communistes l’ont interdit quand ils sont arrivé au pouvoir ». De ce fait, le mouvement a vite été interdit en Tchécoslovaquie en février 1948 : « Tous ceux qui faisaient partie du Sokol étaient d’office considérés être contre le communisme, même si on se réunissait pour participer aux activités de l’association : jouer au volleyball, faire une partie de cartes ou manger des knedlíky », comme expliqué au début de ce témoignage. Le père d’Olivier avait ainsi quelques craintes avant de s’engager dans les instances dirigeantes du Sokol de Paris. « Au début, il ne s’est pas engagé […] parce que justement il avait peur, compte tenu de l’expérience qu’il avait vécu, que s’il y avait une troisième Guerre mondiale, ça complique aussi sa vie ». Bien qu’il ait émigré dans un « pays libre », la crainte que sa famille soit menacée persistait, même s’il était de l’autre côté du Rideau de fer. Il n’est devenu vice-président du Sokol de Paris qu’à la chute du régime communiste tchécoslovaque, en 1989.
En 1948, le Sokol de Paris achète un terrain à Gournay-sur-Marne, dans la banlieue parisienne, et y organise des activités. Tous les Tchèques qui ne pouvaient pas retourner en Tchécoslovaquie se retrouvaient dans deux associations : Le Sokol et l’AOTS [Association des Originaires et Amis des Pays Tchèques et Slovaque], cette dernière étant procommuniste et dont les adhérents pouvaient très facilement retourner dans le pays.
Olivier accompagnait au départ ses parents durant son enfance, puis a pris part à ses activités vers 13 ans. Les Sokols étrangers organisaient des camps d’été [Letní tábory] où il se rendait pendant les vacances, puis il a intégré le Sokol de Paris en pratiquant la gymnastique, le volleyball, mais également des danses folkloriques tchèques, présentées chaque année lors d’un bal. Actif dans le Sokol, Olivier est ensuite devenu moniteur [náčelník] et est aujourd’hui secrétaire.
De leur temps, les appartements occupés par les Tchèques étaient généralement petits, ceux-ci se rendaient donc à Gournay-sur-Marne, où ils pouvaient respirer un peu, profiter de la nature et se sentir comme en Tchécoslovaquie. Cette dynamique a changé depuis l’ouverture des frontières ; on ne va plus au Sokol pour les mêmes raisons car il est très facile de se rendre en « pays tchèque ». Également, les personnes de première génération sont décédées pour la plupart, et les jeunes tchèques parisiens se désintéressent progressivement du Sokol. Cependant, on voit quelquefois arriver des personnes, qui viennent en France pour le travail et repartent quelques années après.
Il a été difficile pour le père d’Olivier de revoir ses parents ou ses proches qui étaient encore en Tchécoslovaquie. Néanmoins, ils ont pu venir en France, mais uniquement seuls. Le gouvernement communiste pensait en effet que si tous les deux venaient en France, ils ne seraient pas revenus dans le pays.
À partir de 1967, Olivier et sa famille ont pu se rendre 2 fois par an à Znojmo, en février et durant l’été. Il a pu voir ses grands-parents jusqu’à leur décès, en 1972 pour son grand-père, et 1973 pour sa grand-mère. Toutefois, il n’a pas pu beaucoup discuter avec eux puisqu’ils ne pouvaient parler qu’allemand avec lui, ce qu’il ne savait pas faire. Après cette période, il ne se rendait plus dans le pays qu’une fois par an. L’année 1968 a été particulièrement compliquée pour lui. Il a en effet quitté le pays le 19 août 1968 ; le 20 août, les militaires du Pacte de Varsovie – russes, hongrois, polonais, roumains, est-allemands – envahissaient le pays et les frontières se fermaient. Ce jour-là, il s’est senti très chanceux.
À la fin des années 70, une histoire marquera fortement Olivier. Certains amis de ses parents avaient acheté un cottage [chata][2] à Vranov nad Dyjí, village proche de la frontière autrichienne. De nombreux Tchèques venaient s’installer dans ce village pour les vacances. Pour ne pas les déranger, son père avait laissé la voiture au milieu de la forêt, par crainte d’être dénoncés par les voisins pour hébergement illégal d’étrangers. Passé l’après-midi, Olivier et ses parents sont revenus à leur voiture : « il y avait une voiture militaire tchèque, avec trois garde-frontières, deux chiens, et quand on est arrivé, ils nous ont pointé la mitraillette ou le pistolet-mitrailleur sur nous. Quand tu as 11 ans, ça marque. Mes parents n’ont pas eu besoin de me l’expliquer. À 11 ans, tu comprends les choses, quand t’as 5 ans non, mais quand t’as 11 ans, tu vois bien quand on te demande de te taire à la frontière, que tu attends 3 heures pour passer à la frontière, et que quand tu passes on te fait enlever tes chaussures, tes chaussettes pour montrer qu’il n’y avait rien dedans, tu comprends très vite ce qu’est une dictature, et tu apprécies encore mieux ce qu’est la liberté et la démocratie quand tu arrives en France ».
Olivier s’était fait des amis en pays tchèque. Il racontait aussi apprécier une certaine glace en bâtonnet. À Znojmo, des Belges tenaient une pâtisserie [cukrárna], ils venaient et il pouvait manger des glaces et du chocolat. Le manque flagrant de liberté était cependant pour lui un problème, et il disait apprécier bien plus d’être de retour dans les pays « libres ». Il raconte cependant qu’à 11 ans, la politique n’est pas un problème préoccupant chez les enfants, on ne suit simplement que ses parents. Toutefois, il admet avoir appris beaucoup de choses en venant régulièrement en Tchécoslovaquie, en assistant à autre chose que ce qu’il avait l’habitude de voir à Paris.
Également, il n’y avait aucune différence pour lui entre enfants tchécoslovaques et français puisqu’ils se ressemblent en tout point physiquement. Un seul élément les distinguait : un enfant français n’avait pas de difficulté pour acheter une cassette audio ; un enfant tchèque, avant 1989, ne trouvait pas de disques des Beatles ou des Rolling Stones.
Olivier raconte avoir voulu suivre un cursus étudiant en Histoire, mais que ses parents ont refusé. Il s’est donc tourné vers le droit, qu’il a étudié pendant 5 ans avant de devenir juge. Il dit aussi ne pas aimer profondément l’Histoire pour s’intéresser à la Tchécoslovaquie ou à ses origines, mais davantage pour apprendre les causes des évènements majeurs qui sont survenus, tels que la Seconde Guerre mondiale ou les invasions napoléoniennes.
Il a rencontré sa future épouse lors d’un stage dans un tribunal, et ils se sont mis ensemble en octobre 1985. En juillet 1986 se déroulait un slet –rassemblements de masse propre aux Sokols– à Zurich. Elle est donc très vite embarquée dans le mouvement tchèque. Peu après, le couple s’est rendu à Prague, permettant à celle-ci de découvrir la Tchécoslovaquie, où elle perçoit l’atmosphère différente qui réside, à cause des difficultés de rentrer dans le pays ou des restrictions de liberté. Elle apprécie toutefois grandement le pays tchèque, par son architecture, la sympathie des habitants et la gastronomie.
Le couple aura 3 enfants : une fille âgée de 28 ans et deux garçons de 26 et 25 ans. Ceux-ci ne parlent pas tchèque, mais ils sont au Sokol de Paris et s’intéressent à la culture et l’histoire tchèque.
Après la Révolution de Velours, Olivier a ressenti un soulagement certain, au niveau de ses amis et de la famille qui étaient encore de l’autre côté du Rideau de fer. « En 1990, il y avait toujours des sokols à l’étranger, et tous les 4 ans, on organisait une réunion de ceux-ci. Cette année-là, le slet a eu lieu à Paris et deux mois après, en juillet 1990, le sokol tchèque a existé de nouveau et a organisé un petit slet à Prague. Évidemment, on s’est réuni là-bas, et avec beaucoup d’émotions parce que, lorsqu’on a défilé, il y avait plein de monde autour du défilé et des grand-mères qui pleuraient, nous saluaient. C’était très émouvant ».
Le témoignage d’Olivier ayant eu lieu dans le cadre du projet des « Histoires de nos voisins à travers le monde » [Příběhy našich sousedů ve světě], les enfants qui l’ont interrogé ont pu l’interroger sur d’autres questions en rapport avec l’histoire tchèque, dont la relation entre la France et les pays tchèques. Pour Olivier, la Slovaquie n’a jamais rien partagé, ou peu, avec la République tchèque. L’État Tchécoslovaque n’existe en effet qu’après 1918, date à laquelle les Français ont voulu disloquer l’ancien empire austro-hongrois. La grande difficulté des Français a en effet été de se battre historiquement contre les Autrichiens pendant 3 siècles ; puisque la famille d’Autriche était en Espagne, en Allemagne et aux Pays-Bas. Se sentant encerclés et alors vainqueurs de la Première guerre mondiale, ceux-ci décident de casser l’Empire après la Grande Guerre.
Si aujourd’hui Olivier se réjouit de savoir que la République tchèque est une démocratie multipartite, il s’intéresse peu à la politique nationale. Il admet toutefois être heureux du « grand changement » survenu jusqu’en 1995. Aujourd’hui, l’habitant tchèque est libre, il a adopté les coutumes capitalistes, il « retrouve une vie proche de ce qu’exige l’Homme ».
Selon lui, la France partage également de bonnes relations avec la République Tchèque. Puisque l’Allemagne est historiquement en concurrence avec la France, mais aussi avec la République tchèque, il considère que les relations franco-tchèques se sont nouées par cette compétition mutuelle, ce qu’il illustre par le proverbe « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ».
Enfin, s’il n’avait qu’un conseil à donner aux futures générations, il choisirait de leur dire : « quand vous avez deux chemins [qui se présentent devant vous], un chemin facile et un chemin difficile, prenez le chemin difficile ; parce que c’est ça qui forge l’homme – ou la femme –. C’est dans la difficulté que l’Homme peut se mesurer. Quand tout est trop facile, cela n’a plus d’intérêt. Je rapproche ça avec la devise du Sokol : „Tužme se“ ou “appliquons-nous” », deux devises ou idées qui, en fin de compte, se rejoignent étroitement.
[1] La région des Sudètes regroupe, dans son terme le plus large, l’ensemble des régions historiquement germanophones de l’actuelle République tchèque. Rattachée à l’Allemagne nazie lors des Accords de Munich en 1938, la région repasse sous administration tchécoslovaque en 1945. Toutefois, la fin de la Seconde Guerre mondiale marque un très fort sentiment anti-allemand au sein des pays d’Europe centrale, tels que la Pologne, la Hongrie ou la Tchécoslovaquie, tant au niveau des instances publiques que de la population. L’expulsion massive des Allemands est alors décidée par les « décrets Beneš », entre avril et octobre 1945. Ces décrets privent les Allemands des Sudètes de leur nationalité tchécoslovaque et confisquent tous leurs biens. Sur 3,2 millions d’Allemands des Sudètes, plus de 3 millions sont expulsés. De nos jours, sur les 100 000 Allemands présents en République tchèque, 70 % sont originaires des Sudètes, descendants de familles qui étaient connues pour leur opposition au nazisme et à l’occupation de la Tchécoslovaquie, entre 1939 et 1945.
[2] Les chata sont des maisons de campagnes typiques des régions tchèques et slovaques. Ces maisons étaient données par le régime pour permettre aux habitants de partir prendre l’air et du repos en dehors de la ville, souvent bruyante, sale et où les personnes vivaient dans des petits appartements (panelový dům). Pour les habitants, cela leur permettait aussi de fuir la répression du régime totalitaire tchécoslovaque. Pour le régime communiste, le mouvement des résidences secondaires permettait de disperser les citoyens dans les campagnes et d’éviter d’éventuelles protestations ou révoltes sur la restrictions de leurs libertés, en l’absence de possibilités de voyages à l’étranger.
His father is also called Lichý, and was born on 22 April 1923 in Znojmo. At the age of 25, he was already involved in politics, but belonged to a Christian Democratic party. In February 1948, 3 years after the end of the Second World War, Europe began to be divided, the West under the support of the United States, the East under the control of the former USSR. Communist rule took hold in Czechoslovakia and political opponents began to be imprisoned. His father therefore organised a section within his party specialising in escaping its members. In particular, he had a forest ranger colleague who was very familiar with the forest and knew how to cross the border without being stopped by customs officers. Nevertheless, the network was eventually uncovered in May 1948. Olivier’s grandfather, a gendarme (četník), was able to warn his father. The latter finally fled Czechoslovakia with 3 friends on the same date.
Leaving in May 1948, Olivier’s father travelled through Austria and Germany, only to be caught by the Dutch police in the Netherlands. Tried for illegal immigration, he was sent back to a refugee camp in Germany, a country he says is in “shambles”.
When he left Czechoslovakia, his father and his friends had brought back bacon and cigarettes. He tells us that Vienna was a very poor city and that “with one carton of cigarettes, i.e. 20 packets, you could buy a building”. But for 3 months, they ate bacon every day, smoked cigarettes and passed them on their way. When they arrived in the camp in Germany, they had nothing left. So they decided to work, and British, Belgian and French commissions came looking for labour. When a French commission arrived looking for miners, they decided to join them. There might have been a bit of a language barrier, as his father had already had some French lessons, but they weren’t enough. Nevertheless, he and his friends were sent to Lorraine, where German was often spoken. Having grown up in the Sudetenland[1] region, where German was also spoken, it wasn’t very difficult for him to communicate. He also remembers that there were many nationalities in the mine: there were Moroccans, Poles and a few Czechs. Only the engineers who supervised their activities were French.
Olivier is an only child. His mother is from Paris and he admits that his father was “a bit lazy” about learning Czech, so he only spoke French at home. Nevertheless, he spent a lot of time in the Czech milieu in Paris, and his mother didn’t feel left out. She could talk to the French wives of her father’s Czech friends and knew Czech wives who spoke French. With the in-laws, he says that his father would translate for her, or that the parents-in-law would try to speak German.
The Sokol was a patriotic movement which, in the words of its founder Miroslav Tyrš in 1862, embraced several moral ideals: discipline, perseverance, love of country, honesty, sincerity, willpower, sociability, intrepidity, asceticism and voluntary work. Therefore, it’s no coincidence that its members were very quickly hostile to the newly proclaimed communist values: “Sokol is not just a gymnastics and cultural organisation; at the time, even though it is less and less so now, it was a patriotic and anti-communist association, to the point that the communists banned it when they came to power”. As a result, the movement was quickly banned in Czechoslovakia in February 1948: “Anyone who belonged to Sokol was automatically considered to be against communism, even if we got together to take part in the association’s activities: playing volleyball, playing cards or eating knedlíky”, as explained at the beginning of this testimony. Olivier’s father had some misgivings before getting involved in the governing bodies of Sokol de Paris. “At first, he didn’t join [...] precisely because he was afraid, given the experience he had had, that if there was a Third World War, it would also complicate his life”. Although he had emigrated to a “free country”, the fear that his family would be threatened persisted, even though he was on the other side of the Iron Curtain. He only became vice-president of Sokol Paris until the fall of the Czechoslovak communist regime in 1989.
In 1948, the Sokol de Paris bought a plot of land in Gournay-sur-Marne, on the outskirts of Paris, and organised activities there. All the Czechs who could not return to Czechoslovakia came together in two associations: Sokol and AOTS (Association des Originaires et Amis des Pays Tchèques et Slovaque), the latter being pro-Communist and whose members could very easily return to the country.
Olivier initially accompanied his parents during his childhood, then took part in their activities at the age of 13. The foreign Sokols organised summer camps (Letní tábory), which he attended during the holidays, and he then joined the Paris Sokol, practising gymnastics and volleyball, as well as Czech folk dances, which he performed every year at a ball. Active in the Sokol, Olivier then became an instructor (náčelník) and is now secretary.
In their time, the flats occupied by the Czechs were generally small, so they went to Gournay-sur-Marne, where they could take a break from the city, enjoy nature and feel like they were in Czechoslovakia. This dynamic has changed since the opening of the borders; people no longer go to Sokol for the same reasons, because it’s very easy to get to “Czech countries”. Also, most of the first-generation Czechs have passed away, and young Czechs in Paris are gradually losing interest in Sokol. However, we sometimes see people arriving who come to France for work and leave a few years later.
It was difficult for Olivier’s father to see his parents or relatives who were still in Czechoslovakia. Nevertheless, they were able to come to France, but only on their own. The Communist government thought that if they both came to France, they would not return to the country.
From 1967 onwards, Olivier and his family were able to visit Znojmo twice a year, in February and during the summer. He was able to see his grandparents until their deaths, in 1972 for his grandfather and 1973 for his grandmother. However, he couldn’t talk much to them as they could only speak German with him, which he didn’t know how to do. After this period, he only visited the country once a year. 1968 was a particularly complicated year for him. He left the country on 19 August 1968; on 20 August, the Warsaw Pact troops - Russians, Hungarians, Poles, Romanians, and East Germans - invaded the country and the borders closed. That day, he felt very lucky.
At the end of the 1970s, Olivier was strongly influenced by a story. Some friends of his parents had bought a cottage [chata[2]] in Vranov nad Dyjí, a village close to the Austrian border. Many Czechs came to the village for their holidays. So as not to disturb them, his father had left the car in the middle of the forest, for fear of being denounced by the neighbours for illegally housing foreigners. As the afternoon wore on, Olivier and his parents returned to their car: “there was a Czech military car, with three border guards and two dogs, and when we arrived, they pointed a submachine gun at us. When you’re 11, that’s quite an experience. My parents didn’t need to explain it to me. When you’re 11, you understand things. When you’re 5, you don’t, but when you’re 11, you can see when they ask you to shut up at the border, when you wait 3 hours to cross the border, and when you do, they make you take off your shoes and socks to show that there’s nothing inside, you understand very quickly what a dictatorship is, and you appreciate even more what freedom and democracy are when you arrive in France”.
Olivier had made friends in the Czech Republic. He also said that he liked a certain kind of ice cream on a stick. In Znojmo, some Belgians ran a pastry shop (cukrárna), Olivier’s family would often come there and he could eat ice cream and chocolate. The blatant lack of freedom was a problem for him, and he said that for this reason, he enjoyed being back in “free” countries much more. However, he says that at the age of 11, politics isn’t an issue for children, “one just follows your parents”. However, he admits that he learnt a lot by coming regularly to Czechoslovakia and seeing something different from what he was used to seeing in Paris.
He also felt that there was no difference between Czechoslovakian and French children since they looked exactly the same physically. There was just one thing that set them apart: a French child had no trouble buying an audio cassette; a Czech child, before 1989, couldn’t find Beatles or Rolling Stones records.
Olivier says he wanted to study history, but his parents refused. So he chose law, which he studied for 5 years before becoming a judge. He also says that he doesn’t have a deep interest in history because he’s interested in Czechoslovakia or its origins, but more in learning about the causes of the major events that took place, such as the Second World War or the Napoleonic invasions.
He met his future wife during a traineeship in a court, and they got together in October 1985. In July 1986, a slet was held in Zurich. She quickly became involved in the Czech movement. Shortly afterwards, the couple travelled to Prague, allowing her to discover Czechoslovakia, where she perceived the different atmosphere that prevailed, due to the difficulties of re-entering the country or the restrictions on freedom. She nevertheless greatly appreciates the Czech Republic, for its architecture, the friendliness of its people and its gastronomy.
The couple will have 3 children: a girl aged 28 and two boys aged 26 and 25. They do not speak Czech, but they are at Sokol in Paris and are interested in Czech culture and history.
After the Velvet Revolution, Olivier felt a certain relief, in terms of his friends and family who were still on the other side of the Iron Curtain. “In 1990, there were still sokols abroad, and every 4 years we organised a meeting of them. That year, the slet took place in Paris and two months later, in July 1990, the Czech sokol came back into existence and organised a small slet in Prague. Obviously, we met there, and with a lot of emotion because, when we marched, there were lots of people around the parade and grandmothers who were crying and waving at us. It was a very emotional moment.”
As Olivier’s talk took place as part of the ‘Our neighbours’ Stories around the world’ project [Příběhy našich sousedů ve světě], the children who interviewed him were able to ask him about other issues relating to Czech history, including the relationship between France and the Czech countries. For Olivier, Slovakia has never shared anything, or very little, with the Czech Republic. The Czechoslovak state only came into existence after 1918, when the French wanted to break up the former Austro-Hungarian empire. The great difficulty for the French was to fight against the Austrians for 3 centuries, since the Austrian family was in Spain, Germany and the Netherlands. Feeling encircled and victors of the First World War, the Austrians decided to break up the Empire after the Great War.
Although Olivier is delighted that the Czech Republic is now a multi-party democracy, he has little interest in national politics. He admits, however, that he is happy with the “great change” that took place up until 1995. Today, Czechs are free, they have adopted capitalist customs, and they have “rediscovered a life close to what man demands”.
France also shares good relations with the Czech Republic, in his view. Since Germany is historically in competition with France, but also with the Czech Republic, he considers that Franco-Czech relations were forged through this mutual competition, which he illustrates with the proverb “the enemies of my enemies are my friends”.
Finally, if he had just one piece of advice to give to future generations, he would choose to say to them: “when you have two paths [before you], an easy path and a difficult path, take the difficult path; because that’s what shapes a man - or a woman -. It’s in difficulty that man can measure himself. When everything is too easy, there’s no point. I liken this to the Sokol motto: „Tužme se“ or ‘Let’s put ourselves onto it’ ”, two mottos or ideas which, in the end, are very similar.
[1] The Sudetenland region, in its broadest sense, encompasses all the historically German-speaking regions of the Czech Republic. The region was annexed to Nazi Germany under the Munich Agreement in 1938 and returned to Czechoslovak administration in 1945. However, the end of the Second World War saw a very strong anti-German sentiment in Central European countries such as Poland, Hungary and Czechoslovakia, both in the public authorities and among the population. Between April and October 1945, the “Beneš decrees” led to the mass expulsion of Germans. These decrees deprived Sudeten Germans of their Czechoslovak nationality and confiscated all their property. Over 3 million of the 3.2 million Sudeten Germans were expelled. Today, of the 100,000 Germans living in the Czech Republic, 70% are Sudeten Germans, descendants of families who were known for their opposition to Nazism and the occupation of Czechoslovakia between 1939 and 1945.
[2] Chata are typical country houses in the Czech and Slovak regions. These houses were donated by the regime to allow residents to get some fresh air and rest outside the city, which was often noisy and dirty and where people lived in small flats (panelový dům). For the inhabitants, it also enabled them to escape the repression of the totalitarian Czechoslovak regime. For the Communist regime, the second-home movement enabled citizens to be dispersed across the countryside and to avoid possible protests or revolts over restrictions on their freedoms, in the absence of opportunities to travel abroad.
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Witness story in project The Stories of Our Neigbours (Eva Kubátová)